Chaque printemps des milliers de brebis venant de Provence sont transportées en camion pour les Alpes.
L'alpage de Sornin nous accueille depuis 34 ans sur ses beaux pâturages afin que nos bêtes profitent de l'herbe abondante. Nous sommes quatre éleveurs des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse réunis en groupement pastoral. Le troupeau cette année est arrivé le 19 juin, date à laquelle commence à s'installer la sècheresse estivale dans notre région. Nous avons monté 900 brebis, un peu moins que d'habitude car nous avons eu peur de manquer d'herbe à cause de la sècheresse, et puis il a plu, et nous aurions finalement pu venir avec le même nombre que d'habitude, mais comment prévoir...
Nos brebis sont de race mérinos d'Arles, aussi appelées aussi métisses. Ce sont des petites sportives qui ne craignent pas de marcher, et qui sont rustiques, c'est à dire très résistantes et endurantes. Elles ont une laine de très belle qualité qui les isole du froid, et le suint (matière grasse) qui imbibe leur toison la rend imperméable à la pluie, elles sont donc particulièrement bien adaptées à la transhumance.
La journée le berger se charge de les surveiller, de les freiner aussi, car si on ne bloque pas leurs mouvements, elles se déplacent sans arrêt et elles mangent moins bien. Il doit aussi repérer les boiteries et les soigner : parfois elles se blessent, il y a quelquefois des pattes cassées si elles se bousculent dans les rochers. Il faut aussi veiller à ce qu'un petit groupe ne reste pas isolé, cela arrive parfois on dit qu'elles se coupent, donc le berger regroupe tout le monde. Dès qu'il fait chaud elles "chôment" et arrêtent de manger pour rester au frais dans les bois toutes ensemble. Le soir elles sont parquées pour passer une nuit paisible.
Le troupeau est composé de femelles adultes, les brebis, et de jeunes femelles de moins d'un an que l'on dénomme agnelles. Il y a une hiérarchie comme dans beaucoup de groupes. Devant, les meneuses, qui suivent le berger et décident du déplacement de tout le monde. Généralement, ce sont elles qui ont les sonnailles autour du cou. Juste derrière, les dominantes, qui suivent mais sont toujours les premières à boire ou manger le grain, ensuite la masse du troupeau et en dernier les plus faibles.
Cette année nous sommes redescendus le 30 septembre. Les brebis vont faire leurs agneaux début octobre et on voit que cette saison leur a été profitable. Elles sont rondes, la laine est fraîche, signe de bien être et que l'herbe à été nourrissante. La prédation bien que présente, a été supportable avec douze brebis tuées par le loup. Le temps était clément, nous repartons satisfaits.